À ma défunte justice pour tous

  • Écrit par  Michel-Pierre Raynaud-Bardon
  • mardi 20 octobre 2015 à 11h01

La Garde d’Esso nous pompe…

Et dans tous les sens du terme… Enfin, presque tous, l’acception la plus crue de la pompe étant exclue de nos propos… Puisque l’Avocat l’a désormais bien profondément dans le valseur… Juste une volte-face…

Ou un retournement, comme Madame le Garde d’Esso à l’habitude de pratiquer, en politocarde rouée aux bassesses, chausse-trappes et autre léchage de pomme de la chose politique… Alors que les robes noires s’agitent dans le Landerneau de la justice, Tata Christiane joue les enjôleuses, les demi-vierges folles, étonnée de voir la révolte gronder comme un matou auquel on vient de marcher sur la queue…

Comment ? Mais pourquoi donc l’avocature piétaille alors que je suis l’ouverture même ? Et de s’épancher dans les media de ce que sa porte est toujours ouverte pour la discussion… Sa porte de service, vraisemblablement, parce qu’on n’a pas eu, nous autres robes noires, l’impression d’une largeur d’esprit panoramique… 

Déjà que les justiciables et le français moyen ne nous porte pas vraiment dans leur cœur dès que l’on s’apitoie sur nos revenus qui se transforment lentement mais sûrement en peau de chagrin, si en plus la Ministre de la Justice s’étonne de notre mouvement, nous sommes définitivement grillés aux yeux de l’opinion.

Le seul moyen de ne pas passer pour des enfants gâtés pourris qui rechignent devant le gâteau à la chantilly ou des nantis qui râlent parce qu’ils vont devoir réduire de huit jours le séjour hivernal à Gstaad, c’est de communiquer, d’expliquer le pourquoi du comment…

Alors quoi ? La mobilisation ? La grève ? Oui, sans doute, puisqu’il faut en passer par là aujourd’hui pour espérer l’œil cathodique… Mais attention !

Attention cher confrère ! On critique l'équipe de France de rugby, mais dans leur genre, les avocats aussi ont oublié d'être collectifs… Faire la grève dans notre coin, défiler dans les rues avec nos robes, des banderoles et des gerbes façon « A ma rétribution d’AJ rabotée, regrets éternels », oui, pourquoi pas… C’est souhaitable, c’est commode… 

Ça sera commode de cadenasser les entrées des palais de justice…

Mais ça n’aura guère de retombées ! Un entrefilet dans le canard local, au mieux un petit reportage bouche-trou sur une antenne régionale ou locale de télévision… Ça flatte l’ego, mais ça ne résoudra pas le problème !

Et le problème, c’est la Garde d’Esso et sa phobie de la robe noire ! Emmerder le justiciable risque de se révéler sur le long terme préjudiciable…

Ce qu’il faut, c’est une mobilisation de masse… Une masse compacte qui trace vers Paris et fait le siège pendant plusieurs jours Place Vendôme, voilà ce qu’il faut !

Foin des bavardages de notre pseudo-représentation nationale qui n’a jamais vu un dossier AJ autrement que dans les manuels de droit !

Soyons collectifs, pour une fois, et déposons au plus vite devant le Ministère de la Justice une jolie gerbe ceinte de la banderole « À la justice pour tous, trop tôt disparue »…